Fin janvier 2021, sortait sur les plateformes Vimeo et Youtube le film de Bernard Crutzen « Ceci n’est pas un complot ». En une semaine, ce film financé grâce au crowdfunding (84.377 €), atteignait le million de vues. Un signe à prendre en compte.
- Dans une autre temporalité que les réseaux sociaux, ce site tente d’ouvrir un espace de pensée « au calme ».
- Dans ce cadre, il reprend des articles déjà parus ou des contributions originales.
- En vue d’éviter les réactions sur le vif, émotionnelles, les trolls, les attaques ad hominem… les espaces de commentaires sont fermés et les auteurs qui le souhaitent restent anonymes.
- Les articles qui contribuent à penser sont les bienvenus.
- Le média qui estimerait que la reprise de son article n’a pas sa place ici peut le faire savoir, il sera immédiatement retiré.
- Et bien évidemment si Bernard Crutzen nous faisait part d’une erreur, elle serait corrigée et mentionnée.
Mais encore:
1. Indiquons d’emblée que nous partageons une grande partie des constats du film…
Nous reprenons la liste de Manu Ber :
- Le sous-investissement des soins de santé depuis des décennies
- La mondialisation et les délocalisations qui rendent le système très fragile
- Le sensationnalisme des médias
- La gestion catastrophique de la crise par nos gouvernants
- La gestion catastrophique de la communication autour de cette crise (culpabiliser au lieu d’encourager)
- Les conflits d’intérêts avec le secteur pharmaceutique et financier
- Dans toutes les décisions, la primauté à l’économique au détriment du familial, social, psychologique, culturel, éducatif
- Le développement d’un état policier
- Le non-respect de la confidentialité des données par Sciensano (déjà bien avant le covid), et l’absence de débat démocratique concernant les bases de données et leur utilisation
D’autres constats auraient mérité d’être mentionnés :
- L’origine environnementale de cette pandémie, et des probables suivantes
- L’absence totale d’imagination des gouvernants sur la gestion du confinement, se limitant à ouvrir/fermer sans demander l’avis du secteur associatif, pourtant plein d’idées, en particulier par rapport aux jeunes
- Les aides (insuffisantes) apportées à certaines catégories de la population en fonction de leur statut (salarié, indépendant) et l’oubli de tous ceux ne rentrant pas dans les cases (artistes, travailleur.ses du sexe, sans-papiers…)
- L’absence de redistribution des richesses, qui aurait permis de rendre la crise supportable par tous (fin de citation)
2. … mais pose un grand nombre de questions factuelles et/ou éthiques…
On peut y retrouver des erreurs, des contre-vérités, des manques de contextualisation. Ceci mérite d’être repris et étayé ici.
Chaque profession a sa déontologie. L’anthropologue Jacinthe Mazzocchetti évoque l’outil à la fois éthique et méthodologique de sa discipline: “le pacte ethnographique”, les journalistes ont leur code, il fait notamment référence à la nécessité d’agir loyalement, ce qui n’est pas le cas dans ce film hybride. Preuve en est les intervenants qui récusent le fond de leurs propos, lesquels n’ont pas été respectés.
3. … et constitue aussi un symptôme à penser.
S’il pose des questions éthiques, ce film n’est en rien délirant: il n’y est nullement question de terre plate, de lune creuse ou de pédocriminels et autres danses sataniques au Bois de la Cambre.
Sa sortie et le nombre de vue doivent être pensé en tant que symptôme de notre démocratie. Évoquer cela renvoie souvent à la défiance envers les gouvernants. Ceci doit être creusé, étayé et complété par d’autres analyses, hypothèses..
Mais encore
Ajout du 07/03/2021 : en réponse aux interrogations du réalisateur (et de quelques correspondants) : Le complotiste, le doute et la foi.