Sans être mentionné, Michael Levitt  apparaît furtivement à 14:05: C’est le gratin de la science mondiale. Des Prix Nobel, des anciens ministres ou directeurs de la santé, des députés…  Il en est question à propos de la Déclaration de Barrington, déjà évoquée ici

Voici encore un de nos fameux représentants du gratin de la science mondiale qui a multiplié les affirmations péremptoires sur la pandémie, des prédictions qui sont avérées totalement fantaisistes.

Comme on le verra plus loin, Michael Levitt a également les honneurs de « Hold-Up ». Ici, la capture d’écran que nous voyons dans « Ceci n’est pas un complot » vient d’un entretien qu’il a le 2 juin 2020 avec John Anderson ( John Anderson Direct: With Professor Michael Levitt FRS, Biophysicist, Academic and Nobel Laureate ) . Michael Levitt travaille dans des université prestigieuses et conseille de grosses entreprises. En 2013, deux de ses collègues et lui se voient attribuer le Nobel pour des travaux en chimie ( « for the development of multiscale models for complex chemical systems »). Nous sommes loin des matières qui nous occupent, mais comme on l’a déjà indiqué pour la Docteure Vandermeernen, à partir d’un certain niveau l’expert est censé avoir appris la rigueur, et connaît donc ses limites.

Dans son entretien avec John Anderson, Michael Levitt dit notamment qu’il connaît bien le monde, adore les chiffres et les modélisations et Twitter. Au départ de sa page web de la Standford University, nous avons accès à ses publications, il a également mis en ligne des instrument de modélisation ( ici et ici )

Mars 2020 : « En Israël, pas plus de 10 personnes décéderont du Covid »

En mars 2020, le Los Angeles Times relaye ses propos « Alors que de nombreux épidémiologistes mettent en garde contre des mois, voire des années, de perturbations sociales massives et des millions de décès, M. Levitt affirme que les données ne permettent tout simplement pas d’étayer un scénario aussi désastreux – surtout dans les régions où des mesures raisonnables de distanciation sociale sont en place. »

Au même moment, il déclare qu’en Israël pas plus de 10 personnes décéderont du Covid. L’Etat juif n’étant « pas sur la carte du monde pour cette maladie ». Il regrette le gouvernement continue d’imposer des restrictions supplémentaires à la population générale.

Un petit dessin vaut mieux qu’un long discours, voyons les chiffres de mortalité pour Israël:

Juillet 2020 : « Aux USA dans 4 semaines ce sera fini »

En juillet 2020, il nous dit qu’aux USA, avec un total de décès inférieur à 170 000 personnes, dans 4 semaines ce sera fini.

Voyons, ci-dessus où nous en sommes en mars 2021.

Quand un mois plus tard (le 28 août 2020), il répond sur UnHerd aux questions de Freddie Sayers « Où me suis-je trompé? ». Il insiste surtout sur le fait que depuis mars, son  « principal objectif était de mettre fin à la panique. La panique est dangereuse et elle raccourcit votre vie probablement de plus d’un mois, donc nous devons y réfléchir. « 

Effectivement, nous devons y réfléchir. Faut-il éviter la panique selon la méthode des autruches? Mais réfléchissons aussi au fait qu’au moment où Bernard Crutzen monte son film, il peut déjà savoir que Mr Levitt n’est pas crédible

Dans Hold-Up

Michael Levitt a l’honneur d’ouvrir le film Hold-Up au cours duquel il interviendra à plusieurs reprises:

01:18 Je pense que vous pouvez probablement pardonner un confinement. Deux confinements sont beaucoup plus difficiles à pardonner

05:31 C’est un grand problème scientifique. J’ai tenté d’entrer en contact avec les épidémiologistes. D’abord beaucoup d’entre eux ne répondent pas aux e-mails. Ils ont juste un message qui dit: Je suis tellement occupé que je ne peux pas répondre aux e-mails. Mais même ceux que j’ai réussi à contacter n’étaient pas prêts à discuter. Donc je pense qu’un échec de la population scientifique mondiale s’est pas réunie pour discuter de cela. L’Organisation Mondiale de la Santé et les épidémiologistes ont l’impression d’avoir un seul but qui serait d’arrêter l’épidémie. Dans le passé, ils ont combattus d’autres épidémies: pour la grippe aviaire, le SH1N1, Ebola. Ils ont donné des prévisions très très hautes et heureusement pour eux, personne ne les a écouté

Sans commentaire

8:13 C’est très important de réaliser que le profil en termes d’âge des gens qui sont morts est similaire de celui que l’on observe des morts naturelles. Les personnes de plus de 85 ans représentent la moitié des morts. Mais il y a aussi cette mauvaise science qui est entrée en collision avec le politiquement correct. Si je dis que je préférerais mourir de loin à la place de mon petit fils qui a 17 ans, ils diront peut-être : oh quelle bonne personne c’est. Mais la société devrait être capable de faire ce choix

Ici, nous avons un argumentaire qui pose de nombreuses questions. La réponse majoritairement obtenue est évidente si l’on demandait aux plus de 70 ans (il est né le 9 mai 1947): « Entre votre petit fils et vous, qui choisissez-vous si l’un des deux doit mourir? »

Mais là n’est pas du tout la question pour la gestion d’une épidémie. Ce serait plutôt :

  • Comment solidairement choisissons-nous de protéger la population? Ou pour poser la question autrement : qui laissons-nous mourir? Ceux de plus de 85 ans? de 70 ans? A partir de quel âge laisse-t-on filer la maladie? Et quid des obèses et diabétiques qui ont d’importants facteurs de comorbidité et des soins très coûteux ?  Voulons-nous avoir cette discussion? Et un jour se dire: finalement pourquoi soigner les vieux? Leurs coûts en soins et en pensions de retraite représentent un fameux poids pour les jeunes… L’eugénisme n’est pas loin.
  • Certains rétorquent: mais non, on va les soigner et ils pourront mourir dignement, de toutes façon, ils vont mourir. C’est oublier l’incapacité de prise en charge du système hospitalier, des manques d’oxygène, d’antidouleurs…
  • Et c’est également oublier les effets des covid longs dont on commence seulement à comprendre les effets, y compris sur les jeunes, y compris sur ceux qui ont eu une infection asymptomatique.

La « merveilleuse » expérience de la Suède

29:02 Par exemple dans l’armée, si tu perds une bataille, tu reviens en arrière. Tu l’étudies et du dis OK, qu’est ce qu’on a mal fait? Ce que nous n’avons pas compris, je pense c’est que le coronavirus ne se développait pas très rapidement. D’une certaine manière, la Suède a décidé autour de la mi-mars de ne pas intervenir. Et vous savez quoi? J’ai beaucoup d’amis en Suède. J’étais nerveux . Vous savez, il est devenu assez clair début avril qu’ils avaient pris la bonne décision, c’était une merveilleuse expérience

Merveilleuse, comme on voit:

Et pour en savoir plus, on lira par exemple

28:48 Maintenant ce que tout le monde aimerait savoir, c’est si vous laissez le virus affecter fortement un endroit combien de gens vont mourir? J’imagine qu’on a été très chanceux car sur le bateau de croisière Diamond Princess qui a commencé à être très infecté autour de la troisième semaine de février on a commencé à avoir des chiffres. Et ces chiffres étaient très intéressants : la bateau avait 3.700 passagers. Un bateau, c’est très dense. La densité avec la taille d’un bateau et le nombre de personnes qui y étaient c’est 1/4 de million de personne pas KM2, c’est 40 fois plus dense que Hong-Kong. Et Hong-Kong c’est un endroit très dangereux, donc c’est vraiment très dense et sur ce bateau environ 20% des gens étaient infectés . 700 personnes infectées . Et sur ces 700 personnes, 7 sont mortes. Si vous faites les mêmes calculs pour la Grande Bretagne, vous obtenez 55.000 personnes et si vous le faites pour les USA, vous avez 220.000 personnes. J’ai essayé de dire ça à  Neil Fergusson mais il n’a jamais répondu à mes e-mails, mais il avait raison et il avait tort.

Alors que la Grande Bretagne était en train d’opter pour l’immunité de groupe, Neil Fergusson annonça que sans mesures de prévention, le pays risquait d’atteindre 500.000 décès. Ce qui ne s’est pas produit… parce que la Grande Bretagne changeat son fusil d’épaule et s’aligna sur les mesures des autres pays (confinement, masques, distanciation…). Nous sommes devant un très classique problème de devoir montrer l’efficacité des mesures de prévention. Démontrer le bien fondé sur base de quelque chose qui n’existe pas (des personnes qui ne sont pas décédées). La même question revient dans tous les pays. Ces 7-8 mars 2021, le modélisateur Simon Cauchemez, de l’Institut Pasteur, est interrogé par David Larousserie et Hervé Morin pour Le Monde

Le 15 mars 2020, vous annonciez dans « Le Monde » que le SARS­CoV­2 pourrait faire entre 300 000 et 500 000 morts en France. Un an plus tard, on est à moins de 100 000. Certains vous accu­sent de vous être trompé. Est­-ce le cas ?
Non, nous ne nous sommes pas trompés car ces chiffres étaient avancés pour illustrer l’hypothèse où rien ne serait fait pour enrayer l’épidémie. Or évidemment des mesures très fortes ont été prises. Dans le premier avis du conseil scientifique, nous étions prudents et parlions de quelques centaines de milliers de morts si rien n’était fait. Dans ce scénario, on s’attendait à ce que plus de 50 % de la population soit touchée par le virus. Aujourd’hui, avec 85 000 morts pour, selon nos estimations, environ 17 % de personnes infectées, nous voyons par une simple règle de trois que le Covid aurait en effet pu causer des centaines de milliers de
morts. Nous donnions aussi une létalité [la proportion de décès parmi la population infectée] située entre 0,5 % et 1 % et c’est ce qui a été confirmé depuis. Même avec les connaissances actuelles, je ne changerais pas le texte de ce premier avis.

Nous pourrions continuer sur des pages et des pages… Il est temps de s’offrir une petite récréation, et pour rester dans le domaine des affections, on savourera la page de Wikipedia consacrée au « Nobel desease« . Parmi ceux qui en ont exprimé des symptômes, Luc Montagnier et Michael Levitt.

Grompf & Brice VDB